Par : D.Messaoudi
On dit en kabyle « taydit ad teṛwu, taḥbult ur tbeddu ». Cela s’applique à la lettre à beaucoup, voire à trop, de parents d’élèves à Takerboust. Je m’explique : ces soi-disant parents veulent que leurs enfants réussissent dans leurs études, mais sans sacrifices hormis celui de se présenter en classe, et là encore il y a quoi dire. Preuves à l’appui.
Presqu’un trimestre entier a été bousillé par les grèves incessantes et sans objectifs(1) des élèves et presque pas un parent n’a daigné se déplacer au lycée ne serait-ce que pour défendre le droit de ses enfants au bon déroulement des cours. À un trimestre et demi de la rentrée scolaire, beaucoup d’élèves n’ont toujours pas de livres(2) ou ne veulent pas en ramener. Et malgré plusieurs rapports adressés à l’administration censée informer les parents, en plus de nos écrits sur Facebook, aucun parent n’a jugé utile de venir vérifier au lycée et apporter ou exiger une solution.
Les parents d’élèves de Takerboust ne se donnent la peine de se déplacer au lycée, et individuellement, que lorsque leurs enfants sont menacés de redoubler l’année, ou d’être exclus, après la réception des bulletins. Là, ils viennent promptement non pas pour s’enquérir des raisons de l’échec de leurs enfants, mais pour reprocher à l’enseignant d’être trop sévère ou trop avare en matière de notes, comme si c’était le prof qui donne les notes et non pas l’élève qui les obtient par ses propres efforts(3). Et pour décourager toute initiative de contact entre enseignant et parents d’élèves, certains parents, quand convoqués pour négligence ou indiscipline de leurs enfants, se mettent automatiquement du côté de ceux-ci et l’enseignant se retrouve dans la position défensive! Pire encore, certains parents poussent « taɣyulit » jusqu’à oser contacter l’enseignant dans la rue et même à son domicile(4) pour lui faire des reproches!
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1) Devenus vicieux à force de leur donner raison à tort à tous les coups, nos élèves s’inventent tout et n’importe quoi comme prétexte juste pour ne pas entrer en classe. Tantôt c’est le transport scolaire quand il tombe en panne, tantôt c’est la bouffe qui ne leur plait pas, tantôt c’est l’enseignant dont ils n’apprécient pas le niveau et tantôt c’est la décision d’envoyer un élève perturbateur en conseil de discipline, etc.
2) Aujourd’hui même, j’ai constaté qu’un seul et unique élève a ramené son livre d’anglais dans une classe et seulement 20 à 30% en ont avaient dans d’autres classes. Or, le manuel scolaire comporte tous les textes, toutes les illustrations et toutes les activités nécessaires au déroulement sérieux et effectif des cours.
3) En fait, le prof utilise un barème de correction et ne peut donc être partial. Mieux encore, chaque élève vérifie sa copie d’examen et peut comparer ses réponses à celles de son collègue lors de la correction en classe.
4) Marre de me retrouver à chaque fois face à des parents ingrats et qui ont une dent contre l’enseignant, j’ai récemment informé l’administration que je ne reçois plus les parents d’élèves ni au lycée, ni ailleurs. Hélas, certains s’entêtent encore à m’attendre dans la rue, devant chez moi !